Gestion et entretien voirie à l’échelle communale, comment faire ?
À l’heure où les petites communes peinent à entretenir leurs voiries face à des moyens limités et à l’absence de données fiables, comment construire une stratégie d’entretien pertinente et durable ?
Cette problématique était au cœur des Conférences Techniques Territoriales du Cerema, organisée le 22 mai 2025 à l’École Centrale de Nantes. Cet événement a rassemblé des experts, des collectivités, des services techniques départementaux et des partenaires du secteur routier. Une ambition partagée : outiller les territoires pour préserver durablement les infrastructures routières.
Parmi les interventions, un retour d’expérience concret a été présenté par Lionel Odie (Chef de Groupe Route Durable et Innovation, Cerema) et Jean-Marie Deck (Directeur Expertise Routière, Logiroad). Cinq communes d’Ille-et-Vilaine ont lancé en 2024 un diagnostic partagé de leurs routes, avec le soutien de l’ANCT. Un projet qui montre qu’avec une méthode rigoureuse et des moyens partagés, il est possible de transformer un problème diffus en stratégie d’entretien opérationnelle.

Notre rôle, c’est d’apporter une méthode d’entretien et de maintenance claire, adaptée à chaque territoire, pour aider les collectivités à passer du constat à l’action.
Jean-Marie Deck, Directeur Expertise Routière, Logiroad
Du besoin local à une démarche structurée et partagée
Un besoin partagé
Les six communes à l’origine de cette initiative faisaient face à une même situation : un réseau routier vieillissant, sans état des lieux objectif ni planification claire des besoins à venir. Sollicitée via la préfecture, l’ANCT (Agence nationale de la cohésion des territoires) a mandaté le Cerema pour bâtir un accompagnement adapté.
Une ingénierie mutualisée pour surmonter les freins
Le Cerema a alors proposé une organisation intercommunale sous forme de groupement de commande, permettant :
- la rédaction conjointe du cahier des charges,
- une mutualisation des coûts d’auscultation,
- et l’harmonisation de la méthode d’analyse.
Le marché public a été confié au groupement dont Logiroad faisait partie. Le projet concernait un linéaire de 135 km de voirie communale, réparti sur les six communes.
Une méthode simple et structurée pour décider efficacement
Des relevés précis pour objectiver l’état des routes
Pour établir un diagnostic voirie fiable, chaque route a été auscultée et cartographiée : état de la surface, éventuelles déformations, largeur, usage.
Ces données permettent de voir concrètement où se situent les dégradations sur les 135 km, et de comparer objectivement les différentes sections.

Une notation et projection claire pour hiérarchiser les priorités

Chaque segment de chaussée a été noté par les experts Logiroad selon trois critères :
- L’état de surface qui est la couche de roulement,
- L’état structurel (résistance),
- Et une note globale qui résume l’urgence d’intervention.
Cet audit voirie, adaptée aux petites voiries communales, permet aux élus et techniciens de prioriser les actions en fonction de l’état réel de leur patrimoine routier.
Pour aller au-delà du constat, Logiroad a apporté aux collectivités un outil stratégique permettant de visualiser le vieillissement de l’état des chaussées selon différents scénarios d’entretien.
Cette capacité repose sur une expertise, héritée du Laboratoire Central des Ponts et Chaussées dont est issue Logiroad. Vieillir artificiellement les routes à partir de données réelles permet aux élus de comparer différents scénarios d’entretien, mesurer l’impact de leurs choix, et calibrer ainsi précisément leur politique d’entretien routier tout en maîtrisant les dépenses, année après année.
Résultats pour les communes et leurs routes
À l’issue du projet, les cinq communes bénéficient aujourd’hui de résultats tangibles qui dépassent le cadre du diagnostic voirie technique :
- Un état des lieux objectif et partagé de leur réseau routier, appuyé sur des données mesurées et cartographiées.
- Une priorisation claire des interventions, facilitant les arbitrages techniques et politiques.
- Une programmation pluriannuelle maîtrisée, simulée et budgétairement soutenable.
- Un gain de méthode : les élus disposent désormais d’outils concrets pour passer du constat à l’action, en phase avec les enjeux de résilience et financiers.
Mais au-delà des chiffres, ce projet a aussi permis de renforcer la culture technique locale et de structurer une démarche collective durable, reproductible dans d’autres territoires.

Chaque projet est unique.
Parlons-en ensemble.