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Dette grise : comprendre le problème pour mieux accompagner les territoires

La route est à la fois un socle de notre quotidien et un angle mort de l’investissement public.

Qu'est-ce que la dette grise et quels problèmes pose-t-elle ?

La “dette grise” des routes françaises désigne le retard accumulé dans l’entretien des infrastructures routières, en particulier des chaussées. Ce manque d’investissement régulier engendre une dette technique : les interventions légères qui auraient pu suffire deviennent inefficaces, car les dégradations s’aggravent en profondeur. Plus le retard s’accumule, plus les travaux nécessaires deviennent lourds, complexes et coûteux.

Schémas maintenance préventive route

Contrairement à une dette financière inscrite dans les budgets publics, la dette grise est physique mais invisible. Elle ne figure dans aucun compte, mais se manifeste par une détérioration progressive du réseau, faute de maintenance préventive suffisante. Ce phénomène est particulièrement préoccupant sur le réseau national non concédé, mais touche tout autant les routes départementales et locales.

En l’absence d’anticipation, les gestionnaires privilégient des interventions curatives – réparer une fois les dégâts visibles – plutôt que des actions préventives. Cette logique réactive est non seulement plus coûteuse, mais elle dégrade aussi la qualité de service pour les usagers. Derrière une chaussée fissurée ou déformée, ce ne sont pas seulement des coûts de réparation qui se cachent : ce sont aussi des véhicules qui s’usent plus vite, des risques d’accidents accrus, des trajets rallongés, et des émissions de gaz à effet de serre supplémentaires.

Sans effort coordonné, la dette grise continuera de croître, creusant les inégalités territoriales, nuisant à l’accessibilité et freinant la transition écologique.

La dette grise : un problème bien connu sur les routes nationales

La route représente plus de 88 % des déplacements en France en 2022(*), qu’il s’agisse de trajets domicile-travail, de livraisons ou de mobilités longues distances. Pourtant, la moitié du réseau routier national non concédé était déjà en 2022 en attente d’un entretien, selon le livret diagnostic de l’État (**) publié en juin 2023 dans le cadre de la démarche “Ambition France Transports”.

Ce constat alarmant est le fruit de plus de dix années de sous-investissement, notamment sur les réseaux gérés par l’État et les départements. Un audit indépendant commandé par l’État a révélé un déficit d’investissement de 24 % entre 2018 et 2022, par rapport aux besoins techniques identifiés. Ce retard cumulé d’entretien est aujourd’hui estimé à 2,4 milliards d’euros de dette grise pour le seul réseau national non concédé (**).

Dette grise cumulée RRN-NC 2025

Des préoccupations pour l’ensemble des réseaux routiers

Mais ces chiffres ne disent pas tout. Car ils ne prennent pas en compte l’immense réseau départemental et communal, pour lesquels les moyens manquent fortement.
Selon les modélisations menées pour le compte de l’État, les besoins de régénération de l’ensemble des réseaux routiers (national, départemental, communal, intercommunal) atteindraient 23,2 milliards d’euros à l’horizon 2055, soit plus de 1,1 milliard d’euros par an (**).

Les collectivités gèrent l’essentiel du réseau routier français – départemental, communal et intercommunal, soit plus de 98% du linéaire de routes en France (****)– avec des ressources financières limitées. Autrement dit, ce sont les acteurs les plus fragiles qui supportent le poids le plus lourd de cette dette invisible. Si la dette grise est moins visible sur ces réseaux, c’est moins parce qu’elle est moins présente que parce qu’elle est moins mesurée. Cela renforce l’urgence d’un accompagnement adapté, fondé sur une connaissance fine des territoires et sur des outils d’aide à la décision.

Un manque de données sur les réseaux départementaux communaux

Si la dette grise est bien documentée sur le réseau national, elle reste largement méconnue sur les réseaux départementaux et communaux. Ces routes locales sont omniprésentes dans le quotidien des citoyens. Elles desservent les écoles, les zones d’activités, les centres-bourgs, les exploitations agricoles, mais elles échappent encore à une vision d’ensemble. Contrairement aux grands axes nationaux, ces réseaux sont gérés par une multitude d’acteurs publics, souvent avec des moyens techniques et humains limités.

Résultat : il n’existe pas de base de données centralisée ni de référentiel partagé permettant de suivre l’état de ces infrastructures de manière homogène. Aussi, depuis une dizaine d’années, plusieurs rapports ont souligné de manière récurrente la difficulté de centraliser des données sur le reste du réseau, en particulier au sein du bloc communal (***).

Ce manque de données fiables rend difficile toute stratégie d’entretien à long terme. Ce déficit d’information est aggravé par la fragmentation des responsabilités, la diversité des pratiques locales et l’absence d’outils mutualisés pour le suivi de l’état des chaussées. Or, sans connaissance précise du réseau, les collectivités locales sont contraintes de réagir dans l’urgence, souvent au détriment de la planification et de l’optimisation budgétaire.

C’est là que l’enjeu de la dette grise devient particulièrement critique. Invisible dans les comptes, elle progresse silencieusement. Elle affaiblit les capacités d’action des territoires. Elle creuse les inégalités entre les zones bien dotées en ingénierie et les territoires moins équipés, qui peinent à suivre l’évolution de leur patrimoine routier.

Logiroad apporte une solution adaptée en travaillant main dans la main avec les gestionnaires de voirie

Les infrastructures routières sont à un tournant historique. Leur état ne dépend plus uniquement des moyens financiers, mais de notre capacité collective à faire les bons choix : prioriser, moderniser, entretenir intelligemment en anticipant les dégradations.

Face aux défis de la dette grise, Logiroad accompagne les collectivités avec une double approche : un diagnostic précis de l’état des chaussées, et une modélisation des dynamiques de vieillissement. Ces deux volets permettent non seulement de rendre visible l’état des réseaux, mais surtout d’en comprendre les trajectoires d’évolution, afin d’anticiper les besoins futurs et de transformer les contraintes budgétaires en leviers d’action stratégique.

Mais cette connaissance technique ne suffit pas à elle seule. Le maître d’ouvrage apporte une dimension essentielle : sa connaissance fine du territoire, de ses infrastructures et de ses priorités locales. C’est pourquoi Logiroad adopte une démarche collaborative, rendue possible par son logiciel web et l’accompagnement d’ingénieur·es Génie Civil. Plutôt que de proposer des préconisations standardisées, Logiroad travaille main dans la main avec les collectivités pour comprendre leurs enjeux spécifiques et adapter les recommandations en conséquence.

Ainsi, la connaissance des dynamiques de dette grise apportée par Logiroad et la connaissance stratégique du territoire détenue par les maîtres d’ouvrage se complètent pour construire une gestion durable et éclairée des réseaux routiers.

(*) Rapport de l’Union Routière de France (URF) : Faits et Chiffres 2022 – URF
(**) Livret de diagnostic d’Ambition France Transport Mai 2025
(***) Rapport publié par la Cour des Comptes en 2022
(****) Infrastructures de transport | Chiffres clés des transports 2025

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